Fonds : Famille Prévost
Cote : P020,S03,SS06,D01

Au début de l’année 1913, les Jérômiens organisèrent deux tombolas. La première était destinée à la rénovation du cimetière et aux œuvres de charité. La deuxième fut pour sa part, totalement consacrée au cimetière et rapporta, semble-t-il, environ 1 300 dollars.

En 1914, une corvée « d’hommes et de jeunes gens » fut organisée sous le commandement du Docteur Henri Prévost et du curé François-Xavier de La Durantaye, aidés des « dames de la Paroisse ». Les hommes entreprirent tout d’abord de relier par un trottoir de bois le village et le cimetière, puis d’autres corvées furent réorganisées pour restaurer, entre autres, les trottoirs et les sentiers à l’intérieur du cimetière.

Les corvées

À monsieur l’abbé F.-X. de la Durantaye Curé de Saint-Jérôme

Cher monsieur :

Tel que promis, je me fais un plaisir de vous transmettre un rapport succinct de l’organisation qui a présidé à la confection d’un trottoir en gravier pour se rendre au cimetière. Avec votre autorisation, l’appui généreux de certaines dames de la Ville, l’encouragement universel, mais surtout des braves cultivateurs de la paroisse, j’ai pu mener à bonne fin cette entreprise considérable, qui intéresse au plus haut point, toute la population de Saint-Jérôme.

Nous avons commencé les travaux de ce trottoir, le 1er août 1914 et nous les avons terminés le 1er septembre 1914, après avoir organisé, au cours du mois d’août, trois grandes corvées. Il est peut-être utile et intéressant pour vous, Monsieur le Curé, de connaître en détail l’histoire de ces précieuses corvées, qui nous ont, à coup sûr, assuré l’existence de ce trottoir tant désiré. La première corvée avait lieu le 6 août, avec la partie Sud et Est de la paroisse, comprenant 108 tombereaux, 175 hommes et 230 dîners; la deuxième corvée se donnait le 12 août, avec l’aide des cultivateurs de la rivière à Gagnon, et des côtés ouest et Est de la rivière du Nord, avec 70 tombereaux, 125 hommes et 150 dîners; enfin, la troisième corvée, donnée par la Ville le 20 août, et comprenant 74 tombereaux, 125 hommes et 180 dîners.

Il est bon de vous dire, Monsieur le Curé, que les généreux convives, non travailleurs, qui ont assisté à ces agapes, ont largement payé leur dîner. En résumé, ont travaillé à ces corvées, 425 hommes avec 250 tombereaux et 560 dîners ont été donnés. C’est un résultat merveilleux et nous devons, à juste titre, nous en réjouir.

En toute justice, je dois mentionner aussi ces dames dévouées qui m’ont si bien secondé dans cette œuvre du cimetière, en recueillant des victuailles et l’argent nécessaires pour faire exécuter ce travail, et, de plus, ceux qui ont répondu si généreusement à leur appel. Pour faire ces travaux, j’ai reçu de la Fabrique, par votre entremise, $ 200.00; des dames organisatrices du Tag-day $ 249.10, et d’un groupe de dames de la Ville $ 127.00, dont $ 60.00 souscrits par la manufacture de Caoutchouc et ses employés. Je dois vous dire, Monsieur le curé, qu’à part ce montant total de $ 576.10, toutes les dépenses des corvées et des dîners, etc., ont été payées par les organisatrices de l’œuvre du cimetière.

La Manufacture Rolland doit, sous peu, donner un char de cendres, que ses employés doivent étendre sur le trottoir. Après le beau geste de la Corporation de la Ville, qui vient de mettre à ma disposition $ 500.00 pour améliorer le chemin du cimetière, il serait désirable, maintenant, d’avoir l’eau en cet endroit si sablonneux et si isolé. D’après une étude minutieuse de la part d’experts émérites dans la matière, il sera difficile pour le moment d’aller chercher l’eau à des sources éloignées du cimetière. Je vous annexe à ce rapport celui de Monsieur H. Matte, ingénieur, relativement à un projet d’aller chercher l’eau à une source située à 30 arpents du cimetière, et ayant 100 pieds de niveau. Il y a bien aussi cet autre projet de prendre l’eau à la source des Frères et de la refouler au cimetière avec un moulin à vent, mais ces travaux coûteraient la somme de $ 700.00 à $ 800.00. Enfin, un troisième projet consisterait à faire creuser un puits artésien. Après étude et examen, il a été constaté que la chose n’est pas possible dans le sable, le gravier et le tuf, avec les moyens ordinaires; il faudrait, pour exécuter de tels travaux, un système de machines qui coûterait $ 600.00 à $ 700.00. Pour es besoins pressants du moment, je vous suggèrerais de faire creuser, en un endroit propice du cimetière un puits dans le genre de celui de votre gardien. De cette manière, il y aura pour le public une eau potable et l’eau nécessaire pour arroser les terrains.

J’espère, Monsieur le Curé, que ces notes vous donneront une juste idée de la belle organisation de l’œuvre du cimetière et du coût de ces grands travaux, qui ont été exécutés avec entrain, et surtout avec l’aide généreuse de tout le monde, pour le plus grand bien de tous. En mon nom personnel, je vous remercie, Monsieur le Curé, de la belle occasion que vous m’avez fournie de faire quelque chose pour nos morts et pour faciliter aux vivants l’accès au cimetière.

Le tout, humblement et respectueusement soumis.