Du 26 décembre au 5 janvier 2013, le théâtre du Rideau Vert à Montréal a remis à l’affiche la comédie musicale « La mélodie du bonheur ». Cette comédie musicale, jouée à Broadway pour la première fois en 1959, nous fait revivre l’épopée de la célèbre famille Von Trapp. Bien sûr, la comédie musicale et les films faits sur le sujet comportent des inexactitudes et des bouts d’histoire bien romancés. Malgré cela, ils nous font vivre l’histoire palpitante de cette famille autrichienne qui a quitté l’Autriche nazi pour venir en Amérique y refaire leur vie. C’est à Stowe au Vermont que les membres de cette famille chantante ont choisi de déposer leurs bagages et d’y refaire leur vie. Leurs seuls outils pour ce faire : leurs talents de chanteurs et chanteuses ainsi que leur courage et leur détermination. C’est en revoyant mes vieilles cartes postales sur cette famille que m’est venue l’idée de cette chronique.

Lorsque Maria Augusta Von Trapp arrive dans la famille du capitaine Von Trapp, celui-ci avait déjà sept enfants qu’il avait eus avec sa première épouse, Agathe Whitehead. Maria avait quinze ans de moins que le capitaine. Lorsque sa fille Maria dut demeurer à la maison à cause de la maladie, le capitaine se présenta à l’abbaye de Sonnenburg pour demander à la directrice qu’une religieuse enseignante vienne chez lui pour faire la classe à sa fille. La sœur abbesse lui envoya Maria, une postulante qui était là depuis 1 an, mais qui à cause d’ennui de santé n’arrivait pas à vivre pleinement la vie des religieuses. Elle devait donc être là temporairement, mais Maria s’éprit des enfants puis du capitaine et elle quitta le couvent pour devenir la seconde épouse du capitaine Von Trapp.

Dans les années trente, la Grande Dépression occasionna de grands déboires financiers au baron Von Trapp. Maria s’aperçut rapidement que les enfants, éduqués dans la musique par leurs parents, avaient une belle voix. Elle forma alors la chorale de la famille Von Trapp afin d’amener des revenus à la >famille. La famille donna plusieurs concerts en Europe afin de subvenir à leurs besoins. Elle vivait alors dans la grande maison du capitaine Von Trapp à Aigen, en banlieue de Salzburg. À l’époque où la famille y vivait, l’Allemagne envahit et annexa l’Autriche. Plus d’une fois, la famille reçut la demande du régime de chanter pour les nazis, mais toujours le capitaine refusa. En 1938, sentant que cela pouvait être dangereux pour leur famille, avec l’abbé Wasner, Maria et le capitaine entraînèrent leur famille dans une tournée de concerts en Europe. Cette tournée s’acheva aux Etats-Unis, pour une période de trois mois. En 1939, la famille a fait une demande officielle pour y résider. Sur la première carte postale, on y voit le capitaine ainsi que Maria Von Trapp avec leurs dix enfants, comprenant les trois que Maria avait eus avec le baron. Cette photographie a été prise avant la mort du capitaine Von Trapp survenue en 1947.

Photographe inconnu, carte postale photographique, Bicknell Mgf Co., Westbrook, Maine.

À cette époque, les Trapp connurent un succès incommensurable partout où ils se produisaient. Après être demeurés en Pennsylvanie depuis leur arrivée en Amérique, ils achetèrent une ferme à Stowe au Vermont, avec la maison du fermier comme première demeure. C’est d’ailleurs à cet endroit que les descendants de la famille opèrent toujours un grand « Lodge », grand centre de vacances reconstruit après l’incendie de leur première résidence en 1980.

Ce centre de vacances toutes saisons est loin de l’allure de l’humble maison que nous voyons sur cette carte postale de la fin des années 1950.

Photo : Paula Phillips, Bromley and Co., éd., Boston.

Dès leur plus jeune âge, les enfants Trapp apprenaient un instrument de musique. On les voit, sur la page suivante, avec l’abbé Wasner qui les accompagnait dans leurs tournées de chant américaines.

Photo : inconnu, Bricknell Mfg Co., éd., Westbrook, Maine.

La maison achetée par les Trapp, à Stowe, outre de servir à les loger, devint rapidement une petite pension de vacanciers afin d’augmenter leurs revenus puis un camp musical. La famille s’y consacra entièrement après l’arrêt de leur tournée de chant en 1956.

Photo : inconnu, Bricknell Mfg Co., éd., Westbrook, Maine.

Dans les années 1950, deux garçons du capitaine, Werner et Rupert, érigèrent cette chapelle ex-voto pour exprimer leur gratitude d’être revenus sains et saufs de la guerre. Aussi, dans les années 1950, après la fin de leurs tournées musicales Maria et trois de ses enfants partirent en mission d’évangélisation, pendant que le reste de la famille veillait au bon fonctionnement du Lodge. La baronne est revenue à Stowe en 1972 pour y mourir en 1987. La fin des tournées n’a pas marqué la fin de la carrière de la famille Trapp. Dans les années 1950, quelques films ont été tournés sur leur histoire, mais surtout, en 1959, on la joue à New-York sur Broadway dans la célèbre comédie musicale « Sound of Music ». Puis en 1965, s’inspirant du livre de Maria sur l’histoire de sa famille, on tourna le film « La mélodie du bonheur » avec Julie Andrews et Christopher Plummer comme vedettes principales. Ce film eut un tel succès qu’on peut encore le voir régulièrement à la télévision. Voilà donc l’histoire d’une famille légendaire pour qui la musique a été le fil conducteur qui a tracé le chemin de la célèbre épopé eque nous rappellent ces quelques cartes postales.

Cartophilement vôtre!

Jean-Pierre Bourbeau, Histoire et Archives Laurentides

Références :

1. Trapp, Maria Augusta, La famille des chanteurs Trapp, traduction, 1960, Montréal, Éditions Fides.

2. Site web : Trapp Family Lodge, section The Von Trapp Chronology.