Histoire et Archives Laurentides vous présente un événement historique ayant marqué la Ville de Saint-Jérôme. Ce spectacle à grand déploiement, connu sous le vocable le drame de La Passion, marque pour longtemps la mémoire des Jérômiens et fait connaître Saint-Jérôme partout au Québec, au Canada et même aux États-Unis. Il évoque l’esprit communautaire, l’ingéniosité, le dévouement et les talents des citoyens de la ville.

Le drame de La Passion (Dates : 1925 – 1928)

Il fut présenté à Saint-Jérôme entre 1925 et 1928. Le drame La Passion de Notre-Seigneur, sous le titre du « Salut du monde » est un spectacle à grand déploiement d’une durée de 6 heures représentant la vie et la mort du Christ en cinq actes et 25 tableaux, avec plus de 550 personnes impliquées, dont 250 voix.

Arrivé à Saint-Jérôme en 1919, le curé J.-Adélard-M. Brousseau constate rapidement que l’église nécessite d’importantes rénovations. Les travaux débutent à partir de 1923 : restructuration de la coupole et de la voûte, modernisation de l’extérieur, rénovation de l’orgue et installation de nouveaux clochers, d’un balcon, de verrières et d’une rosace. Les paroissiens sont exaspérés par des dépenses aussi coûteuses. Une solution s’impose, il faut rembourser les frais. L’abbé Éthier propose alors au curé Brousseau de répété l’expérience qu’il a tentée avec succès lors d’un séjour en Nouvelle-Orléans aux États-Unis : monter le drame La passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La première représentation a lieu le 16 août 1925 devant plus ou moins 2 500 personnes à l’aréna Saint-Onge. Tous les figurants et acteurs, sauf quatre, sont de Saint-Jérôme. On a recours à des artistes de talent pour camper les rôles principaux. Le Christ est interprété par nul autre que monsieur Hector Charland, futur Séraphin Poudrier du radioroman « Un homme et son péché ». Les paroissiens de Saint-Jérôme sont très enthousiastes et s’impliquent bénévolement par centaine en tant que figurant, choriste, manœuvre, électricien, peintre, éclairagiste ou à la billetterie. La qualité des décors, de la mise en scène, de l’éclairage et des costumes assurent un succès instantané et l’expérience se renouvelle chaque dimanche. La première saison se termine le dernier dimanche de septembre et on estime qu’en 1925 seulement, le spectacle a attiré près de 25 000 spectateurs.

En 1926, on construit un auditorium mieux adapté situé sur le terrain derrière l’église, on y tiendra des représentations tous les dimanches. L’aventure se poursuit en 1927 ; on vient aux représentations du spectacle en auto, en train et en autobus. Saint-Jérôme se fait connaître partout au Québec, au Canada et même aux États-Unis. Avec un tel succès, le remboursement de la dette est pratiquement assuré.

Voilà qu’en 1928 l’aventure prend subitement fin, un mandement pastoral émis par l’évêché de Québec interdit la présentation de spectacle le dimanche. Une seule représentation sera donnée à Saint-Jérôme et quelques-unes sont présentées le samedi au vieux Forum de Montréal. Les circonstances favorables n’y sont plus et le spectacle s’arrête peu de temps après. Le curé Brousseau, découragé, démissionne la même année.

Sources :

Carle, Alexandre, pour Les Gens du Cinéma : Biographie Hector Charland, consulté le 10 mars 2014,       http://www.lesgensducinema.com/biographie/Hector%20CHARLAND.htm

Laurin, Serge, Histoire de Saint-Jérôme, Québec, Les Éditions GID, 2009, 511 p.

Valois, Charles, Album-souvenir : Consécration de la cathédrale de Saint-Jérôme, Saint-Jérôme, 1978, 58 p.