Convaincu qu’il n’y a pas que l’agriculture qui puisse développer les Laurentides, le curé Labelle songeait aussi au développement industriel et au développement touristique. Mais il songeait aussi au développement de l’exploitation minière.

Bien que l’idée puisse nous paraître saugrenue aujourd’hui, c’est avec le même enthousiasme que pour l’établissement de nouvelles paroisses que le curé s’est lancé dans le développement minier. En 1876, il communique avec un ingénieur minier. Il croit qu’il y a de l’argent et du cuivre dans le sous-sol de la région de Saint-Jérôme. Pour les cantons du Nord, il voit l’exploitation du fer par ici, de l’or et du phosphate par là.

En 1880, après avoir fait analyser des échantillons dans un institut scientifique de Paris, il croit que l’ouverture d’une mine de fer à Saint-Jérôme est imminente. En 1888, une petite mine de fer commence à être exploitée commercialement à Saint-Jérôme. Mais ses réserves n’ont pu suffire que quelques années. La triste réalité pour le curé Labelle, c’est que les mines n’ont jamais pu être un élément important de sa stratégie de développement et de colonisation du Nord.

Dans la région de Saint-Rémi-d’Amherst, seule la mine de silice de la Canadian Kaolin Silica Products fut suffisamment rentable pour être exploitée pendant plusieurs décennies. On a aussi retiré du grenat du sous-sol des Hautes-Laurentides. La carte postale ci-dessous, éditée autour de 1915 et illustrant l’exploitation de la mine de graphite de la Graphite Limited, est une rare illustration de l’exploitation minière dans les Laurentides. Par comparaison, pour l’industrie touristique, il en existe des milliers.

Cette mine de Saint-Rémi-d’Amherst a probablement été exploitée du début du XXe siècle jusqu’en 1935. Son minerai, selon un document de cette ancienne municipalité, aurait contenu jusqu’à 5 % de graphite, à peu près la même quantité que celle de Grenville.

Quant à la mine de silice de la Kaolin, son exploitation aurait pu continuer, mais un jugement de Cour tenant la poussière de silice responsable de la mort d’une trentaine de mineurs par silicose, la compagnie a préféré fermer la mine en 1948 plutôt que d’en améliorer la salubrité. Ainsi prenait fin l’aventure minière imaginée par le curé Labelle pour garder les colons sur ses terres du Nord !

Cartophilement vôtre !

Jean-Pierre Bourbeau,

Administrateur

Histoire et Archives Laurentides