Histoire et Archives Laurentides est fière de présenter des personnages historiques ayant marqué la Ville de Saint-Jérôme. Guillaume-Alphonse Nantel a déployé une énergie étonnante au service de la politique, du journalisme et de la colonisation. Il est le premier Jérômien élu député. Avocat, journaliste, auteur, propriétaire de journaux et homme politique, un homme qui ne manquait certes pas d’énergie !

Nantel, Guillaume-Alphonse (Dates : 1852-11-04 – 1909-06-03)

Né à Saint-Jérôme, le 4 novembre 1852, fils de Guillaume Nantel et d’Adélaïde Desjardins. Il étudia au Petit Séminaire de Sainte-Thérèse de 1864 à 1872. Il fit son droit auprès de Justice Bélanger et de Joseph-Aldéric Ouimet, député à la Chambre des communes de 1873 à 1896. Admis au Barreau de la province de Québec en 1875. Il exerce quelque temps sa profession d’avocat à Montréal, en association avec Joseph-Aldéric Ouimet, avant d’ouvrir son propre cabinet à Saint-Jérôme, bureau auquel se joint, vers 1885, son frère Wilfrid-Bruno Nantel.

Avocat de profession, il favorisera deux autres carrières, la politique et le journalisme, qu’il mènera conjointement avec énergie. Comme journaliste, il collabora à La Minerve dès 1874. Entre 1878 et 1901, il est rédacteur de l’hebdomadaire Le Nord qu’il achète d’ailleurs en 1881 au notaire J.-Amable Hervieux. Le journal traitera surtout de politique et de colonisation. Parallèlement, il fonde à Saint-Jérôme le journal La Campagne qui parut du 25 août 1885 au 23 avril 1887. En 1901, le journal Le Nord disparaît et Guillaume-Alphonse fonde la même année La Nation. Copropriétaire du journal La Presse en 1887 et en 1888, il y est rédacteur jusqu’en 1892. En 1896 et en 1897, il est propriétaire et rédacteur du Monde qui devint par la suite Le Monde canadien. Il est aussi directeur de L’album universel en 1906. De 1907 à 1909, il revient à La Presse comme rédacteur politique. En tant qu’écrivain, il publiera notamment Notre Nord-Ouest provincial, étude sur la vallée d’Ottawa en 1887 et La métropole de demain. Avenir de Montréal en 1901.

Guillaume-Alphonse Nantel est un fervent allié du curé Labelle dans le projet de la colonisation du Nord. Premier Jérômien élu député, membre du Parti conservateur, il représente le comté de Terrebonne à la Chambre des communes en 1882. Il démissionne en août de la même année pour faire place à l’honorable Joseph-Adolphe Chapleau et il devient le véritable leader des « bleus » du comté de Terrebonne sur le plan provincial. Il est élu sans opposition député conservateur à l’Assemblée législative dans Terrebonne à l’élection partielle du 19 août 1882. Il sera réélu en 1886, 1890, 1892 et 1897. En 1888, en compagnie du maire de Saint-Jérôme, Godefroy Laviolette et du conseiller municipal Hermyle Leclair, il tentera en vain de faire établir le chef-lieu du district judiciaire de Terrebonne à Saint-Jérôme.

Il est commissaire des Travaux publics dans les cabinets Boucher de Boucherville et Taillon du 21 décembre 1891 au 11 mai 1896. Par la suite, il est commissaire des Terres de la couronne dans le cabinet Flynn du 11 mai 1896 au 12 janvier 1897, puis il est commissaire des Terres, des Forêts et des Pêcheries du 12 janvier au 26 mai 1897. Il est vice-président du Club conservateur de Montréal en 1896. Défait comme candidat conservateur indépendant en 1900, il ne se représente pas en 1904. Guillaume-Alphonse Nantel est de nouveau défait comme conservateur en 1908. Il sera également le président du Club Chapleau. Il occupe aussi le poste de directeur du Montréal Northern Colonization Railway et du chemin de fer du Grand Nord.

Le 2 juin 1885, Guillaume-Alphonse épouse, en la cathédrale Saint-Jacques de Montréal, Emma Tassé. Ils auront trois enfants. Décédé à Montréal, le 3 juin 1909, à l’âge de 56 ans et 7 mois. Inhumé à Montréal, dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le 5 juin 1909.

Avec Guillaume-Alphonse Nantel disparaît l’un des grands bâtisseurs de la région des Laurentides au nord de Montréal. À son époque, il a été l’un des représentants typiques de l’élite traditionnelle québécoise issue des professions libérales dont l’action sociale a marqué d’une empreinte indélébile l’histoire régionale et qui, plus encore dans son cas, s’est répercutée sur la scène nationale. Influencé par Chapleau et le curé Labelle, Nantel a déployé une énergie étonnante au service de ce que Rumilly a appelé ses trois passions : la politique, le journalisme et la colonisation.

Serge Laurin

Sources :

Auclair, Elie-J, Saint-Jérôme de Terrebonne, Saint-Jérôme, L’imprimerie-photogravure J.-H.-A. Labelle, 1934, 357 p.

Cornez, Germaine, Une ville grandit : Saint-Jérôme de 1881 à 1914, tome 2, Saint-Jérôme, Éditions L’Écho du Nord, 1977, 292 p.

Cornez, Germaine, Une ville naquît : Saint-Jérôme de 1821 à 1880, tome 1, Saint-Jérôme, Éditions L’Écho du Nord, 1973, 191 p.

GOUVERNEMENT DU QUÉBEC (Assemblée nationale du Québec), « Guillaume-Alphonse Nantel », dans Dictionnaire des parlementaires du Québec : de 1792 à nos jours, Québec, Publications du Québec, 2009, consulté le 26 févr. 2014, http://www.assnat.qc.ca/fr/deputes/nantel-guillaume- alphonse-4613/biographie.html

Serge Laurin, « NANTEL, GUILLAUME-ALPHONSE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003 –, consulté le 26 févr. 2014, http://www.biographi.ca/fr/bio/nantel_guillaume_alphonse_13F.html.

Histoire et Archives Laurentides, Fonds Famille Nantel, P034. Histoire et Archives Laurentides, Fonds Famille Prévost, P020.