Le 27 juin 1821, Mgr Jean-Jacques Lartigue, évêque auxiliaire de Montréal, autorisait officiellement la tenue de célébrations religieuses dans une petite chapelle érigée en bordure de la rivière du Nord, près de la jonction de l’actuelle autoroute 15 et de la route 158, là où quelques dizaines de colons avaient commencé à s’établir. Cette petite communauté dite « de la Chapelle » est à l’origine de ce qui deviendra la Ville de Saint-Jérôme.
Deux-cents ans plus tard, jour pour jour, cet événement a été commémoré dimanche dernier à la cathédrale jérômienne, à l’initiative de la Ville de Saint-Jérôme, en collaboration étroite avec le diocèse ainsi qu’Histoire et Archives Laurentides.
Un panneau d’information résumant l’histoire du « berceau » de Saint-Jérôme a été dévoilé dans le parc de la Cathédrale, derrière l’église. Deux arbres y ont également été plantés en mémoire des familles-souches originaires de ce petit hameau et 200 autres seront aussi plantés cet automne ailleurs dans la ville. L’évêque du diocèse, Mgr Raymond Poisson, a pour sa part présidé une messe spéciale dont l’accompagnement musical original, une œuvre de Pierrick Houdy, célèbre la culture et l’histoire du Québec.
Ce 200e anniversaire est également souligné jusqu’au 11 octobre par une petite exposition montée par HAL au bureau touristique de la Ville, à la Vieille gare. L’application mobile Destination Saint-Jérôme a par ailleurs été mise à jour en y ajoutant un point d’intérêt dans le parcours du Quartier des arts et du Savoir concernant le nouveau panneau commémoratif et résumant l’histoire du petit hameau de La Chapelle.
L’histoire de l’origine de Saint-Jérôme
L’événement historique dont on souligne le 200e anniversaire en 2021 est de nature religieuse, mais il témoigne également de la naissance d’une petite communauté qui deviendra éventuellement la ville de Saint-Jérôme. Celle-ci trouve en effet son origine dans un tout petit hameau établi en bordure de la rivière du Nord, près de l’actuelle jonction de l’autoroute 15 et de la route 158, donc un peu au sud du cœur de la ville que l’on connaît aujourd’hui.
Dès la fin du 18e siècle, quelques dizaines de colons s’étaient établis à cet endroit qui faisait partie de l’augmentation de la seigneurie des Mille-Iles, alors sous la gouverne des seigneurs Eustache Lambert Dumont et Antoine Lefebvre de Bellefeuille. Ces premiers habitants devaient alors se rendre à Sainte-Anne-des-Plaines pour assister aux offices religieux, ce qui représentait, on s’en doute, un long trajet à cette époque.
À leur demande, le seigneur Dumont accepte donc en 1807 de convertir en chapelle le moulin à farine qui avait été érigé trois ans plus tôt près de leurs maisons. Le curé de Sainte-Anne-des-Plaines pouvait ainsi parfois venir y célébrer la messe. Dès lors, le petit hameau sera connu sous le nom de La Chapelle.
Ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard que cette desserte religieuse sera en quelque sorte officialisée. D’abord avec l’érection d’une petite chapelle de bois, baptisée du nom de saint Jean Chrysostome, et surtout avec la reconnaissance accordée le 27 juin 1821 par Mgr Lartigue, l’évêque auxiliaire de Montréal, autorisant le curé Pierre Grenier de Sainte-Anne-des-Plaines d’y célébrer la messe « quand bon lui semblera ».
Les fondations de cette chapelle d’origine existent toujours. Sur les indications de l’ethnologue Mario Nadon, elles ont été retrouvées en 1996 par Gilles Bouvrette sur sa propriété de la rue nommée à juste titre « rue de la Chapelle », dans ce secteur où ses ancêtres étaient établis de longue date. Passionné d’histoire, celui-ci y a d’ailleurs installé un panneau d’information témoignant de ce lieu historique.
C’est donc les 200 ans de cette desserte religieuse embryonnaire qui a fait l’objet d’une commémoration le 27 juin 2021. Bien sûr, l’histoire a suivi son cours et la petite communauté de La Chapelle, autour de laquelle gravitaient quelque 600 habitants en 1825, a vu son évolution décliner avec le déplacement du « village » naissant un peu plus au nord, là où les cascades de la rivière du Nord offraient un meilleur potentiel hydraulique aux yeux des coseigneurs Dumont et de Bellefeuille.
Ceux-ci identifièrent l’endroit où une nouvelle église devrait être construite (soit surn le terrain de l’actuel parc Labelle au centre0ville), ce qui entraînera du même coup le développement des terres voisines et d’un village qu’on pensait alors appeler… Dumontville!
Mais encore fallait-il obtenir la création d’une nouvelle paroisse. Dès 1831, une requête était déposée en ce sens. Il faudra toutefois attendre 1834 pour assister à son érection canonique, sous le nom de paroisse de Saint-Jérôme. Cette année 1834 est d’ailleurs considérée depuis comme celle de la naissance officielle de Saint-Jérôme, même si son statut de municipalité civile ne s’est concrétisé qu’en 1856, avec l’élection de son premier maire, Godefroye Laviolette.
La petite chapelle d’origine a continué de servir de lieu de culte jusqu’en 1839, soit jusqu’à ce que la première vraie église de Saint-Jérôme soit érigée. Une église qui, on le sait, fut celle où officiait le célèbre curé Antoine Labelle. Puis en 1900, une dizaine d’années après le décès du Roi du Nord, les Jérômiens ont finalement eu droit à une belle et grande église. Celle-ci est devenue cathédrale en 1951 avec la création du diocèse de Saint-Jérôme, dont c’est d’ailleurs le 70e anniversaire cette année.